J’avance pas à pas dans la lecture de Taras Boulba de Gogol tout en cherchant les caractéristiques du style de l’auteur. Ce qui m’a frappée au début du roman, c’est le nombre important d’apparitions et de disparitions de personnages qui sont voués à réapparaître ou à disparaître pour de bon.
Certains personnages apparaissent dans des digressions du narrateur pour faire “couleur locale”, comme ces vieillards qui chantent les hauts faits des Cosaques des siècles passés. Des jeunes filles apparaissent dans l’embrasure d’une fenêtre ou dans le souvenir des jeunes fils de Taras Boulba, à la vue de la maison de leur enfance. Dans la steppe, surgit au loin un Tatar que l’on ne prend même pas la peine de suivre, car son cheval est bien trop rapide. Dans la nuit s’allument et s’éteignent des vers luisants, alors que des oies, volant au-dessus d’un feu, offrent le spectacle, l’espace d’un instant, de leur ventre rougeoyant avant de disparaître dans la nuit.
C’est sans doute une des caractéristiques de l’imagination de l’auteur, que l’on retrouve aussi dans les Âmes mortes et dans ses nouvelles. Sous l’apparente légèreté du texte se cache l’angoisse de la disparition.